soufisme - Tariqa Qadiriya Boutchichiya
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Ata allah al-Iskandari
Commentaires du Cheikh Ahmad Ibn Ajiba

 

Hikma 13
" Comment un coeur pourrait il être illuminé tant que les formes des choses existantes se reflètent dans son miroir... ".

Les formes des choses existantes font référence aux êtres et à leur représentation dans l’ordre des sens et des idées. Les choses existantes sont les différents types de créatures, petites ou grandes. Se reflèter signifie que ces choses sont solidement installées, de la même manière que lorsque une chose en imprègne une autre, ses effets apparaissent inévitablement elle.

Le miroir est une métaphore qui désigne l’intérieur de l’être, qui est l’œil du cœur, dans lequel les choses, belles ou laides, se manifestent.

Allah a créé le coeur de l’être humain comme un miroir poli, dans lequel ce qui est devant lui se reflète.

Le coeur ne peut se diriger que d’un seul côté. Quand Allah veut du bien à Son serviteur, Il lui fait refléter les lumières de Son royaume (Malakut) et les secrets de Son Essence (Jabarut) et le coeur n’est plus attaché à l’amour d’aucune chose ténébreuse ou d’aucune illusion.

Alors, les lumières de la foi et de l’excellence (ihsan) se reflètent dans le miroir de son coeur, et les lunes de l’unité et les soleils de la gnoses y brillent.

C’est ce qu’a indiqué ash-Shustari quand il a dit : "...Annihile toi à toute chose créée et les secrets t’apparaitront. Le fait de polir le miroir de ton coeur efface tout obstacle à l’apparition de la vérité, que tu reconnais alors en toutes choses ; ton coeur devient l’axe de la sphère des lumières. En lui apparaissent les significations de l’unité et les soleils de la gnose. "

Quand Dieu veut rabaisser un serviteur par Sa justice et Sa sagesse, Il lui fait se préoccuper des choses du monde et sensuelles, qui se reflètent dans le miroir de son coeur : cette obscurité phénoménale et leurs formes imaginaires, rendent impossible le lever des soleils de la gnose et des lumières de la foi. Si ces reflets viennent à s’installer dans le coeur, leur lumière est éteinte et le voile est renforcé (augmente). Alors, tu ne vois plus que le sensible, et tu ne reflètes plus que le sensible.

Il peut arriver que le renforcement du voile et l’extinction totale de la lumière (de la foi) soientt tels qu’ils entrainent la dénégation de l’existence de la lumière (à sa source).

C’est là la station de l’incroyance, en Dieu nous cherchons refuge.

Il peut arriver que la rouille soit moins importante et le voile plus fin, alors on affirme l’existence d’une lumière, même si on ne la voit pas. C’est là la station du commun des musulmans. Ils varient en proximité et en distance, en force et en faiblesse, chacun selon son degré d’attachement à ce monde, à ses appetits et à ses illusions.

Dans un hadith, il est dit que " les cœurs sont atteints par une rouille semblable à la rouille du cuivre : leur nettoyage se fait grâce à la foi. "

Dans un autre hadith, il est dit que " toute chose peut être polie, et que le coeur est poli par le dhikr. "

Le Prophète, Dieu le bénisse et lui donne la paix, a aussi dit : " Quand quelqu’un commet une mauvais action, un point noir prend place dans son coeur. S’il se repent et demande pardon, ce point s’en va. S’il recommence, ce point grandit dans le coeur, jusqu’à ce qu’il le submerge. C’est là la rouille mentionnée par Allah : "ce qu’ils ont acquis a mis la rouille sur leur cœur " (83,14).

Tu sais à présent que le coeur n’a qu’une seule direction (orientation) : quand il reflète la lumière, il brille, quand il reflète l’obscurité, il s’assombrit. L’ombre et la lumière ne coexistent jamais. Tu connais maintenant la raison de l’étonnement du Shaykh, quand il se demandait : " Comment le coeur pourrait il refléter la lumière de la foi et de l’excellence alors que les formes des choses existantes se reflètent dans son miroir ? "

Les opposés ne se rejoignent pas. Dieu Tout Puissant a dit : " Allah n’a pas mis deux cœurs dans les entrailles de l’homme. " (33,4).

Ainsi, O faqir, tu ne possèdes qu’un seul coeur. Si tu te tournes vers les créatures, tu te détournes de la Réalité. Si tu te tournes vers la Réalité, tu te détournes des créatures, et tu passeras du monde sensible (Mulk) au monde du Royaume divin (Malakut), et du Malakut au Jabarut (Monde de l’omnipotence : océan infini, d’où jaillissent le Mulk et le Malakut) .

Aussi longtemps que tu demeureras entravé (enchainé) à ce monde à cause de ton appétit (de tes désirs), tu ne pourras pas voyager jusqu’à ton Seigneur.

C’est ce qui est indiqué dans la 2ème partie de la hikma :

" Comment pourrait il entreprendre son voyage vers Dieu s’il est entravé par la concupiscence ? "